BABIROUSSA- Sulawesi
A la fin des années 80, un ancien guide de chasse africain consacre sa vie à la recherche d'un animal rarissime, méconnu et parcoure la jungle du nord de l'ile de Sulawesi ( anciennement Célebes ) à sa recherche. Maurice PATRY, après de nombreuses explorations dans des territoires à l’époque vierges découvre une saline dans la péninsule nord de cette ile indonésienne ou le BABIROUSSA vient s'abreuver.
En 1989, j'ai la chance de pouvoir participer à l'aventure juste après cette découverte d'une espèce qui n'a alors jamais été photographiée à l’état sauvage. Pour ce faire il nous faut, après des heures de pistes chaotiques,remonter la rivière Paguyaman en pirogue sur plusieurs jours, traversant des rapides ou parfois arrêtés par des arbres en travers de la rivière. Nous croiserons des " chasseurs de rotin" qui redescendent la rivière sur leur radeau de rotin qui servira à la confection de meubles alors en vogue en Europe.
Photographies argentiques, Kodachrome 64 et parfois 200 , scannées sur Reflecta 4000 du MPC puis traitées sur Lightroom.
Babiroussa en indonésien veut dire cochon-cerf, ce suidé était présent de façon endémique sur toute l'ile de Sulawesi mais victime de la chasse et surtout de la déforestation son aire de répartition s'est réduite comme peau de chagrin.Il est connu en Europe depuis le 19 ieme siècle
Sa principale originalité tient à ses défenses dont celles des maxillaires supérieurs traversent le dessus du crâne pour se recourber en lyre, dénué de poils, les oreilles de faune lui donnent un look particulier.
Ses trophées et représentations sont présents dans la culture javanaise et balinaise.
Campement sommaire au bord de la rivière Paguyaman rendu confortable par notre équipe indonésienne qui transforme rapidement quelques mètres carrés de forêt primaire en espace habitable. Au menu poissons et crevettes d'eau douce locaux. A une heure de marche, nous rejoignons la saline et installons l'affut ou nous resterons 12 heures par jour entre sangsues, taons et moustiques mais bercés par le chant des cigales.
Bien que médecin, il me faudra être patient pour observer mes premiers babiroussas, présent à l'affut du lever du jour à la nuit, nous observons des animaux très farouches, prenant le vent en permanence et s'enfuyant à la moindre alerte. Certains jours, seuls quelques pigeons ou papillons se présenterons devant l'objectif.
Suite aux explorations et à la découverte de Maurice Patry, une scientifique anglaise, Lynn Clayton de l’université d'Oxford se passionnera pour les babiroussas et vivra plusieurs années au bord de cette saline pour les étudier. Elle participera activement avec les autorités indonésiennes à la création d'un parc national pour préserver ce site. Il porte actuellement le nom de " NANTU NATIONAL PARC " et couvre une superficie de 52.000 hectares malheureusement entouré de zones déforestées par les migrants venus d'office de Java surpeuplée.
Nicolas Hulot ira sur place en 2006 pour une émission d'Ushuaia diffusée en 2007.